A propos de la tranquillité…
Il y a quelques semaines, nous avons eu la surprise d’apprendre par les journaux que Guérande va expérimenter d’ici la fin 2021 dans ses quartiers et villages la participation citoyenne, un dispositif encadré par la gendarmerie et soutenu par la municipalité, faisant appel à des habitants référents.
nous apprenons que cette démarche instaurée pour la première fois en 2006, «s’inscrit pleinement dans la police de sécurité du quotidien ».
La tranquillité publique est-elle à ce point menacée à Guérande ? Vivons-nous dans l’insécurité ? Parler abondamment de ce sujet, n’est-ce pas l’enraciner dans les esprits ?
Avons-nous si peur de l’ennemi improbable, le convoiteur de nos richesses, le cambrioleur, l’autre, l’étranger ?
Ce dispositif est-il vraiment nécessaire ? Si chacun d’entre nous se sent responsable, s’il s’intègre normalement dans son quartier, il peut dans la bienveillance repérer si un voisin a besoin d’aide, si les volets sont ouverts, si un événement inhabituel se produit.
Ne devrions-nous pas tous être des veilleurs, naturellement, dans l’esprit de fraternité de notre devise républicaine ?
Les confinements nous ont rendus « tranquilles » trop longtemps. Il est temps de bouger, de nous engager dans une « participation citoyenne » constructive. Que dans nos villages et nos quartiers, nous soyons tous des « ambassadeurs » du lien social : se donner des coups de mains sans rien attendre en échange, aménager des espaces communs, jardiner ensemble, faire du covoiturage pour l’école, le travail, les courses, ou les loisirs, dépanner les parents dépourvus de nourrice, inciter les isolés à sortir de chez eux, prendre le temps de papoter de tout et de rien près d’un portail grand ouvert, se joindre à ceux qui se démènent pour nettoyer la nature, organiser la fête des voisins et créer des associations de quartiers.
Nous voulons une «participation citoyenne » qui aille vers le partage des connaissances, l’échange des compétences, le respect de l’entourage, l’attention aux autres, l’esprit d’ouverture et de discernement.
Une « participation citoyenne » joyeuse qui mette en action les bonnes volontés pour préparer un avenir durable, respecter la nature et la biodiversité, protéger nos espaces communs, impliquer jeunes et adultes dans un « vivre ensemble » harmonieux, qui fasse de l’éducation civique par l’exemple sans être donneur de leçons.
Le reste relève des missions de la police municipale et de la gendarmerie auxquelles nous savons faire appel dans l’urgence sans passer par des référents intermédiaires qui prendraient un risque personnel : celui d’être ignorés ou rejetés par un entourage qui se méfie de la délation, ou bien au contraire approchés par ceux qui y trouvent un intérêt.
Ce n’est que dans une implication citoyenne individuelle que la tranquillité publique devient naturelle.
Soyons conscients du sens des mots et des situations qu’ils engendrent . De la tranquillité publique, la peur qu’elle sous-entend, à la tentation du vote extrême, il n’y a qu’un pas …
François PAGEAU
Mercédès FORGE
Jean-Noël DESBOIS
Gaëlle ESTAY